19ème dimanche ordinaire B

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 7/08/21
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

Aujourd’hui, Jésus proclame qu’il est le pain de la vie.  Il est un peu comme le pain blanc que nous pourrions manger alors que nous sommes souvent obligés de manger du pain gris.  Tout le monde a de bonnes raisons de se plaindre : les uns parce qu’ils sont seuls, les autres parce qu’ils sont mariés ; les uns parce qu’ils ont des enfants, les autres parce qu’ils n’en ont pas, etc.  Il n’y a pas de situation idyllique.  La preuve en est que certaines personnes peuvent être mariées, avoir des enfants et une belle situation.  Et pourtant ils abandonnent tout pour suivre une jeunette ou pour faire encore d’autres bêtises.  Non, il n’y a pas de situation idéale et tout le monde pourrait se plaindre, mais il y a une façon chrétienne de vivre la situation dans laquelle on vit, une façon qui transforme le pain gris en pain blanc.

            Regardez Jésus, c’est un réfugié.  Il est né à Bethléem en Judée, mais il a dû fuir en Egypte parce que le roi Hérode voulait le tuer. Et après cela il n’a pas pu rentrer chez lui, en Judée, mais Joseph a dû fuir encore une fois.  Il est parti dans le nord du pays, dans les montagnes, à Nazareth, en Galilée.  Marie aurait pu se plaindre et elle aurait eu raison.  En voilà une belle vie pour une jeune mariée avec un enfant en bas âge.  Et pourtant elle ne s’est pas plainte.  Elle méditait tout cela dans son cœur.

            C’est comme le Christ.  Il aurait pu rester chez lui, chez son père dans le ciel.  Et même sur terre il aurait pu faire venir ses anges pour le protéger et pour pouvoir retourner chez lui, dans le ciel, tranquillement, sans devoir souffrir, nous mourir.   C’est ce qu’il avait dit à Pilate qui l’interrogeait : il a sous ses ordres une armée d’anges qui pourrait le sauver.  Mais non ! Il a préféré rester ici sur terre, connaître la trahison et la mort sur la croix, simplement parce qu’il était porté par l’amour de son Père.  C’est d’ailleurs pour cela qu’il était venu sur terre, pour nous dire comme son Père était merveilleux, fantastique.  C’est pour cela qu’il était prêt à tout.  Il voulait nous faire partager la joie, le bonheur de connaître un aussi beau, un aussi grand amour.  C’était là le plus beau cadeau qu’il pouvait nous faire et c’est pour cela qu’il avait tout quitté, même son confort dans le ciel.

            Et c’est comme cela qu’il transforme notre pain gris en pain blanc.  C’est par la force de son amour qui est plus fort que la mort.  Et nous connaissons des gens comme cela.  Ils ont connu toutes les misères du monde et pourtant ils ne se plaignent jamais, ils sont contents de tout ce qu’ils reçoivent et ils sont prêts à partager le peu qu’ils ont.
            Pourquoi ? Parce qu’ils sont remplis d’un amour plus fort et plus profond que toutes leurs misères.  Et c’est cela qui transforme leur pain gris en pain blanc.  Et c’est ce que nous venons chercher ici, ce matin, comme tous les dimanches, notre petite hostie, ce petit morceau de pain blanc.  Et c’est fort utile pour notre vie.  C’est pour cela qu’au début de l’histoire de l’Eglise, les premiers chrétiens appelaient la communion  le viatique, c’est-à-dire une petite boite de nourriture que les voyageurs prenaient avec eux pour leur déplacement.  Nous aussi, nous venons chercher de nouvelles forces pour la semaine, nous venons chercher le moyen de faire comme Marie pendant ses voyages de Bethléem en Egypte et puis à Nazareth : transformer notre vie en un pain blanc.  Et comment ? En faisant comme elle, en méditant tout cela dans son cœur et prenant soin de son Fils qui est notre Dieu. 

            Puissions-nous, nous aussi, en recevant aujourd’hui l’eucharistie transformer notre vie en un pain de vie et être nous-mêmes pour les autres une source de force et de courage afin de pouvoir arriver tous ensemble à la table de la vie éternelle.